31-08-2024
À la Une: le Brésil fait une croix sur X
C'est la décision prise par un juge du Tribunal fédéral suprême : Alexandre de Moraes a ordonné la suspension totale du réseau social X au Brésil. Comme le rappelle le quotidien brésilien O Globo, il avait donné 24 heures à la plateforme pour nommer un représentant légal au Brésil, sous peine de blocage. L’ultimatum n’a pas été entendu, et le juge a donc mis sa menace à exécution. Il accuse X « d'instaurer un environnement d'impunité totale et d'anarchie sur les réseaux sociaux brésiliens » qui pourraient être « instrumentalisés », selon le juge, par des « groupes extrémistes » avec la diffusion, notamment, de discours « racistes, fascistes ou antidémocratiques », à presque un mois des élections municipales.C'est, en fait, une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose, depuis des mois, Alexandre de Moraes à Elon Musk, le propriétaire de X. Face « à l'arrogance répétée » du milliardaire, « il n'y avait pas d'autre alternative que de suspendre X pour que le Brésil puisse exercer sa souveraineté », estime O Globo. Le journal brésilien reconnaît tout de même que le juge de la Cour suprême « dépasse toutes les limites du raisonnable », en imposant une amende de 50 000 réaux (près de 9 000 dollars) pour toute personne qui utiliserait malgré tout l'application.Elon Musk, de son côté, a réagi en qualifiant Alexandre de Moraes de « dictateur maléfique », et en dénonçant une « censure ». « L'argument le plus souvent utilisé par les plateformes numériques est celui de la défense de la liberté d'expression », observe d'ailleurs O Globo. « Mais cette position libertaire est remise en cause dans le monde entier », remarque le quotidien brésilien, qui cite notamment la récente arrestation en France de Pavel Durov, le fondateur de la messagerie Telegram, accusé de ne pas agir suffisamment face à des comportements criminels sur sa plateforme. « Dans certaines situations, écrit O Globo, les tribunaux peuvent aller trop loin dans le contrôle des infractions commises par l'intermédiaire des plateformes, et c'est regrettable. Mais ils ne peuvent pas prendre prétexte de ces excès ou de la défense de la liberté d'expression pour se soustraire à leurs responsabilités. Les médias traditionnels, même dans des démocraties séculaires, ont toujours été régulés sans mettre en péril les libertés. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les médias numériques ? » En attendant, 22 millions de Brésiliens ne peuvent désormais plus accéder à X.En Allemagne, la politique migratoire interfère avec des élections régionales à l'EstEn Saxe, les chrétiens-démocrates de la CDU ont une chance de l'emporter, ce dimanche 1er septembre, mais en Thuringe, le parti d'extrême droite est donné gagnant, dans le dernier sondage publié par Die Welt. « L'Allemagne s'attend à une forte poussée de l'AfD », titre Le Figaro. « Dans ces deux régions, plus que partout ailleurs dans le pays, l'action du chancelier et de ses ministres écologistes et libéraux fait l'objet d'un vaste rejet de la part de la population », remarque le journal français, qui replace ce scrutin dans le contexte d'un « climat politique électrisé » par l'attentat au couteau qui a récemment fait trois morts à Solingen.Dans ce contexte, les médias allemands ne manquent pas de souligner l'expulsion, ce vendredi 30 août, de 28 Afghans condamnés pour crimes : une première depuis le retour des talibans au pouvoir. « Le moment semble pour le moins suspect, deux jours avant les élections », observe Die Welt. Le quotidien allemand de droite affirme que « ce désastre de communication est exemplaire du manque de sensibilité du gouvernement en matière de migration ». Le Süddeutsche Zeitung, de son côté, reconnaît que le gouvernement fédéral fait bien de réagir « rapidement en prenant de premières mesures concrètes », annoncées jeudi 29 août. « Mais il ne faut pas se faire d’illusions », ajoute le journal allemand : « il ne se passe pas grand-chose en matière de politique d’asile pour l’instant », la coalition au pouvoir étant limitée, selon le Süddeutsche Zeitung, par la Loi fédérale et le droit européen. La politique migratoire devrait donc avoir des conséquences sur les résultats des élections en Saxe et en Thuringe, même si le Süddeutsche Zeitung explique aussi, dans un autre article, le vote pour l'extrême droite par l'écart grandissant entre « les régions en plein essor » et les petits villages, où le manque de « perspectives », notamment sur le plan économique, se fait davantage ressentir.Ursula von der Leyen à la recherche de femmes pour composer la Commission européenneLa future Commission européenne ne devrait toujours pas être paritaire… « au grand dam de la présidente de l'institution », écrit La Croix. Le quotidien chrétien français rappelle qu'Ursula von der Leyen « avait demandé aux 27 Etats membres de soumettre le nom d'une personnalité de chaque sexe pour rejoindre Bruxelles ». Mais pour le moment, le futur collège de commissaires européens ne pourrait comporter que huit femmes. Un professeur de droit européen cité par La Croix estime qu'Ursula von der Leyen a désormais trois options : « refuser toutes les candidatures en bloc, demander à certains Etats de lui soumettre un autre nom ou valider la liste actuelle et laisser le Parlement européen prendre la main ».Un seul État n'avait pas encore transmis de candidature, ce samedi 31 août : la Belgique, où « le suspense reste entier », écrit Le Soir. Le commissaire sortant, Didier Reynders, fait partie des prétendants, mais d'autres noms circulent, selon le journal belge, notamment celui de la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. Une femme, deux chromosomes X, qui ne devraient, de toute façon, pas empêcher Bruxelles de faire une croix sur la parité.