Une psychanalyse à fleur d'inconscient

Liliane Fainsilber

Bienvenue sur ce site de podcasts «Une psychanalyse à fleur d'inconscient »  Je m'appelle Liliane Fainsilber.  J'ai exercé pendant près de vingt ans la médecine générale à Mantes la jolie, une petite ville de la vallée de la Seine qui était en ces années 70 très prospère. Après avoir fait une psychanalyse  avec Jacques Lacan, je suis devenue  psychanalyste. Je suis maintenant une vieille dame mais, comme je m'intéresse toujours à cette si surprenante invention de Freud, une de mes petites filles m'a suggéré, il y a quelques mois,  d'enregistrer des podcasts pour  y  parler de psychanalyse,  une psychanalyse que je souhaite légère et même gaie.  Aussitôt  dit  aussitôt fait, autant profiter des occasions que nous offre le dit progrès.  Je me lance donc dans cette entreprise. J'espère que vous la partagerez avec moi. Je partirai de  cette question  qui est importante à savoir que la psychanalyse ne peut pas seulement  s'apprendre dans les livres ou à l'université.  On ne peut devenir psychanalyste qu'après avoir été analysant.  Si les textes freudiens qui sont à la base de cette invention première doivent être lus mot à mot et si les textes d'autres analystes et bien sûr, parmi  eux,  les séminaires de Lacan, doivent être  déchiffrés, ce ne peut être qu'en raison des effets de transfert qu'ils provoquent, c'est à dire des nouvelles énonciations qu'elles permettent.   Ainsi il ne peuvent être mesurés et appréciés qu'à l'aune du savoir inconscient de leurs lecteurs.  Les concepts de cette nouvelle science inventée par Freud ne sont mis à l'épreuve que dans l'analyse de chaque analysant.   Avec ce titre « une psychanalyse à fleur d'inconscient » je voudrais évoquer aussi le fait que la théorie analytique devrait toujours se trouver très proche de la clinique, mise en continuité avec elle.  On peut en effet dire que c'est  à fleur d'inconscient qu'elles peuvent se rencontrer toutes deux. Car, au même titre que ses symptômes ou que ses rêves,  ses élaborations théoriques du psychanalyste sont  elles aussi, à proprement parler,  des formations de l'inconscient. Le psychanalyste redevient ainsi, à cette occasion, au moins pour un temps, analysant. C'est ainsi que chaque analyste a la lourde charge d'avoir à transmettre la psychanalyse et à la maintenir en vie en la réinventant. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ ) read less

L'art d'interpréter les obsessions ( podcast n° 24)
18-03-2023
L'art d'interpréter les obsessions ( podcast n° 24)
Bienvenue sur ce site de podcast “une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je voudrais vous parler de l’art d’interpréter les obsessions en le rapprochant de l’art d’interpréter les rêves.   Dans le grand texte des cinq psychanalyses, Freud a entrepris de décrire l’Histoire de l’Homme aux rats, faisant ainsi une magnifique approche théorique et surtout clinique de ce qu’est la structure d’une névrose obsessionnelle qu’au début de ses recherches il appelait névrose de contrainte.  Le sujet est en effet contraint à penser ou à agir au gré de ses obsessions ou de ses compulsions. Il ne peut s’y dérober. Il agit au commandement.  Dans ce texte de l’Homme aux rats  Freud  rédige un paragraphe ayant pour titre « quelques obsessions et leur explication »1 Il y est question de la technique d’interprétation des obsessions. Il en édicte deux règles : Première règle ne pas se laisser impressionner par leur apparente absurdité  «  On fait bien, écrit Freud,  de ne jamais se laisser troubler, dans cette tâche de la traduction des obsessions, par leur apparente absurdité ; les obsessions les plus absurdes et les plus étranges se laissent résoudre si on les approfondit dûment. » A propos de cette caractéristique des obsessions, dans “L’Interprétation du rêve”, Freud consacre un chapitre spécialement aux rêves absurdes et il faut noter qu’ils ont tous pour thème latent les désirs de la mort du père.  Seconde règle : rattacher cette obsession aux événements de la vie courante. Donc en apparence on utilise pour interpréter les obsessions, la même technique que celle de l’interprétation des rêves qui consiste à rechercher le petit événement de la veille qui a provoqué le rêve. Ce que Freud appelle « le reste diurne du rêve ». C’est souvent par là qu’il commence. Il en est de même pour l’obsession, mais on ne peut plus parler de «reste diurne », il s’agit d’événements qui semblent plus marquants et plus déployés dans le temps. Il ne s’agit plus du jour qui précède le rêve, mais de jours, de mois, voire d’années qui précèdent l’obsession.  Pour illustrer la portée de ces deux règles, je démontrerai  leur efficacité à propos de quelques-unes des obsessions de l’homme aux rats, notamment son obsession de se trancher la gorge avec un rasoir. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir"  :  https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.html Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Tous les animaux phobiques du Petit Hans   ( Podcast n° 23)
25-02-2023
Tous les animaux phobiques du Petit Hans ( Podcast n° 23)
Bienvenue sur ce site de podcast “une psychanalyse à fleur d’inconscient”.  Aujourd'hui je voudrais vous parler de l’un des héros des cinq psychanalyses, celui dont Freud a choisi d’évoquer l’histoire, en même temps que celles de Dora, de l’Homme aux loups et de l’Homme aux rats, sans oublier, bien sûr celle pleine d’aléas du Président Schreber.  Il s’appelle le Petit Hans.  Son histoire  a ceci de particulier c’est que c’est une des premières analyses d’enfant.  Dès les premiers jours du janvier 1908, son père,  Max Graf écrivait à Freud pour lui demander de l'aide au sujet de son petit garçon alors âgé de trois ans.  Il avait peur d'être mordu par un cheval et de ce fait refusait de sortir dans la rue. D'autres lettres du père suivirent décrivant le déploiement et l'évolution de ce symptôme ainsi que  les tentatives d'interprétation qu’il en faisait. Ainsi  naquit l’observation du "Petit Hans",  écrite cette fois-ci par Freud. En un second temps,  dans le séminaire de la Relation d'objet,  Lacan en fit, à son tour,  un très long commentaire, la reprenant presque ligne à ligne et jour après jour. La phobie du  petit Hans prendra  très vite une grande extension,  se déployant en  de nombreuses formes, sa peur initiale d'être mordu par un cheval deviendra aussi peur des chevaux qui tombent, peur des chevaux lourdement chargés, peur des chevaux ayant quelque chose de noir devant la bouche.  D'autres animaux seront eux aussi appelés à la rescousse de ce cheval, deux girafes, la grande et la petite, la cigogne,  personnage énigmatique qui apporte aussi bien la mort que la vie, et, presque passés inaperçus, une poule et son poussin à propos desquels ce jeune garçon se pose bien des questions sur les mystères de sa naissance et le rôle qu'avait  bien pu y jouer son père. Je ne résiste pas au plaisir de le citer. "A Mungden, dit-il à son père, tu as pondu un œuf dans l'herbe et un poulet en est tout de suite sorti. Tu as pondu un œuf un jour, je le sais, je sais que c'est sûr. Parce que maman l'a dit. Moi - je demanderai à maman si c'est vrai. Hans - ce n'est pas vrai du tout mais moi j'ai une fois pondu un œuf et un poulet en est sorti." Au mensonge de la cigogne des parents, répond le mensonge du poulet du petit Hans. Mais il n'empêche que  lui, aussi bien que  son père,  peuvent mettre au monde des petits poussins. Il vient d'inventer, pour son propre usage,  le mythe de la couvade. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   J'ai aussi écrit quelques livres, la plupart, ont été publiés chez L'Harmattan. Parmi eux " Les orthographes du désir"  :  https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_orthographes_du_desir_liliane_fainsilber-9782343105512-54074.html Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
“Promenons-nous dans le Moi, tant que le Vous n’y est pas !" ( Podcast n° 22)
02-02-2023
“Promenons-nous dans le Moi, tant que le Vous n’y est pas !" ( Podcast n° 22)
Bienvenue sur ce site de podcasts “une psychanalyse à fleur d’inconscient. Aujourd’hui je partirai d’une jolie chanson de Serge Gainsbourg qui a pour titre " Le grand méchant vous".  Elle peut en effet servir d’exemple à ce dont je veux vous parler aujourd' hui.  Alors jeune psychanalyste, au congrès de Marienbad, Lacan avait provoqué quelques remous dans le monde analytique, en y présentant un travail sur le stade du miroir. Il a ainsi fait faire un grand pas à la théorie en mettant ainsi en évidence l’importance dans la structuration du sujet, de la rencontre tout d’abord de sa propre image qui, à un stade très précoce, entre six et dix-mois,  constitue en somme la matrice imaginaire source de ses futures identifications.  Si cette première rencontre avec son image est source d’exultation il n’en va pas de même des  rencontres ultérieures avec l’image  des autres humains qui l’entourent. .  Lacan a très souvent repris la description de Saint Augsutin décrivant  comment un enfant regardait d’un regard empoisonné  son petit frère de lait appendu au sein de sa mère.  C’est pourtant grâce à  ces petits autres que l’enfant découvre le monde illimité de ses désirs et constitue toutes ces identifications avec ses objets d’amour ou ses objets rivaux auxquels il a dû renoncer. On découvre donc que la jalousie y joue un rôle essentiel et nécessaire.   Cet autre, ce rival, qu’il souhaite de toutes ses forces détruire, chaque fois qu’il le rencontre,  c’est ce grand méchant Vous que décrit  si bien Serge Gainsbourg.   Je cite un fragment de sa chanson : "Promenons-nous de dans le Moi tant que le vous n’y est pas Car s’il y était, sûrement  il nous mangerait J’ai peur, j’ai peur de ce grand méchant Vous." Quelques strophes plus loin il chante : "Ah quel animal que ce Vous,  Mais comment savoir dans cette rivalité  Qui de Moi ou qui de vous  l’emporte en cruauté Promenons-nous dedans le moi pendant que le Vous n’y est pas!" La métaphore poétique, cette substitution du Vous ou Loup porte ses fruits !   Qui hurle avec les loups, qui se jette dans la gueule du loup et qui de vous ou de Moi l’emporte en cruauté ? Ce petit autre est donc l’objet d’une intense jalousie. on désire le détruire en tant que c’est lui qui est censé posséder ce dont on est privé.  Comment sortir de cette impasse, c’est lui ou moi ? C’est là que Lacan fait intervenir, par le biais de la fonction paternelle, le champ du  symbolique qui procure l’apaisement, l’accord, la reconnaissance, la coexistence possible.  Je cite Lacan “ Dieu merci, le sujet est dans l’ordre du symbole, c'est-à- dire dans un monde d’autres qui parlent.  C’est pourquoi son désir est susceptible de la médiation et de la reconnaissance. Sans quoi, toute fonction humaine ne pourrait que s’épuiser dans le souhait indéfini de la destruction de l’autre comme tel.”  J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber  Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Superstitions, obsessions, compulsions ( Podcast n° 21)
10-01-2023
Superstitions, obsessions, compulsions ( Podcast n° 21)
Bienvenue sur ce site de podcast « Une psychanalyse à fleurd’inconscient » Les psychiatres et les psychologues  parlent  de tocs, abréviation scientifique pour parler de troubles obsessionnels compulsifs. Dans   le champ de la psychanalyse, on ne parle pas de tocs mais on parle de la  structure d’une névrose obsessionnelle. Elle a été approchée par Freud avec l’aide de termes qui riment entre eux, obsession, compulsion, superstition. Échappe à cette série, le doute. La  superstition anciennement évoquait plutôt la croyance en de faux-dieux par rapport aux religions officielles mais de nos jours, elle est définie, par Furetière, comme une « croyance irrationnelle à l'influence, au pouvoir de certaines choses, de certains faits, à la valeur heureuse ou funeste de  certains signes ». Un chat noir porte malheur. A  propos de superstition, en Corse, c’était la coutume, enfin du temps de ma jeunesse, de mettre au cou des bébés un brin de corail qui avait une forme allongée et qu’on pouvait tout à fait interpréter comme un  symbole phallique. Il avait pour but de protéger ces enfants du «mauvais œil ». De même quand une femme s’extasiait devantun bel enfant au fond de son landau ou de son berceau et disait «  quel beau bébé ! » aussitôt, il fallait prononcer cette phrase   '"que le Bon dieu le bénisse ! ».  la formule était destinée à le protéger de la jalousie éventuelle que  cette femme était censée éprouver. C’est   une jolie démonstration des nécessités de la métaphor paternelle, même si elle se révèle un peu faiblarde, dans la mesure où on est obligé d’en appeler à la bienveillance de Dieu,  pour protéger cet enfant de la jalousie d’une autre femme.  Ce qui prouve  que dans ces faits de superstition, les protagonistes  sont au fait  de cette jalousie inconsciente qui vise l’objet du désir de l’Autre, voire le souhait de sa destruction. Car c’est cela le mauvais œil, c'est jeter un regard mauvais, un regard qui tue. Être superstitieux, c’est prendre  en compte les désirs inconscients qui nous  animent, aussi bien les nôtres que ceux des autres, c'est donc savoir que nous ne sommes pas forcément pleins de mansuétude à l’égard d’autrui. De ce fait même nous avons aussi peur qu’à les avoir seulement pensés, tous ces mauvais souhaits puissent se réaliser. Cela tient  de la magie. Dans son ouvrage « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud rreprend cette question de la superstition et indique que  "chez les névrosés, souvent très intelligents et souffrant d’idées obsédantes et d’états obsessionnels, qu’on constate avec le plus de netteté que la superstition a sa racine dans des tendances refoulées d’un caractère hostile et cruel. La superstition signifie avant tout attente d’un malheur, et celui qui a souvent souhaité du mal à d’autres, mais qui dirigé par l’éducation, a réussit à refouler ces souhaits dans l’inconscient, sera particulièrement enclin à vivre dans la crainte perpétuelle qu’un malheur ne vienne le frapper à titre de châtiment pour sa méchanceté inconsciente » (2). J'ai donc cru un moment que la superstition est première et que c’est elle qui engendre des obsessions, obsessions qui créent à leur tour, comme un système de défense, des actes compulsionnels, et plus complexes encore, des cérémonials compliqués, des rituels, analogues à des cérémonies religieuses, cérémonies d’une religion secrète et privée que se révèle être la névrose obsessionnelle. Mais j'avais laissé de côté, dans cette énumération superstition, obsession et compulsion, le doute. Or c'est lui qui est premier devant l'impossible choix entre l'amour et la haine éprouvé par le sujet. C’est cette hainamoration qui engendre le doute. Et de ce doute partent les trois termes décrits par Freud, superstition, Obsession, compulsion. Ils établissent la robuste métapsychologie freudienne de la névrose obsessionnelle. Et tous les thérapeutes qui s'occupent de ces Tocs auraient grand intérêt à s'y replonger.
De la nécessité des entretiens préliminaires ( Podcast n° 20)
11-12-2022
De la nécessité des entretiens préliminaires ( Podcast n° 20)
J’ai trouvé,  dans un texte de Lacan qui a pour titre « le symptôme », quelques lignes qui évoquent la nécessité des entretiens préliminaires. Cette question n’est pas souvent abordée, celle de savoir à partir de quand celui qui vient demander une analyse s’allonge sur le divan.    Lacan articule cette question des entretiens préliminaires au nom qu’il a donné à celui qui vient demander une analyse, celui d’analysant. De la durée des entretiens préliminaires et de ce qui s’y passe dépendra le fait que l’analysant puisse effectuer ou non sa tache psychanalysante.  Du participe passé au participe présent c’est ainsi qu’il met au travail le dit analysant. Il a la charge de déchiffrer lui-même le sens de ses symptômes et de tracer ainsi la voie de sa guérison en présence de l’analyste à qui il s’adresse mais qui est aussi l’objet de ses cogitations, de par l’effet du transfert.  Il écrit : « Ce que je voulais dire, c’était que dans l’analyse, c’est la personne qui vient formuler une demande d’analyse qui travaille. A condition que vous ne l’ayez pas mise tout de suite sur le divan auquel cas c’est foutu. »  Il précise donc qu’il faut attendre  une nouvelle formulation de sa demande : “Quand vous lui dites de commencer – et ça ne doit être ni la première, ni la seconde fois, au moins si vous voulez vous comporter dignement – la personne donc, qui a fait cette demande d’analyse, quand elle commence le travail c’est elle qui travaille. Vous n’avez pas du tout à la considérer comme quelqu’un que vous devez pétrir. C’est tout le contraire. Qu’est-ce que vous y faites là ? Cette question est tout ce pour quoi je m’interroge depuis que j’ai commencé ».  Dans ce paragraphe, chaque phrase, chaque mot a son importance. S’en dégagent  ces trois points :  nécessité de reformuler sa demande d’analyse  au cours de ces entretiens préliminaires puisque elle est  condition même de son travail d'analysant tout au long de ces années d'analyse. L’éthique du psychanalyste : Il s’agit donc de se comporter dignement en tant qu’analyste et pour cela savoir décider du moment où il convient de commencer l’analyse. Une  autre question est également posée : L’analysant travaille et vous ?  “ Qu’est-ce que vous y faites-là ?” J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Des Bernard Palissy  de la psychanalyse ( Podcast n°19)
12-11-2022
Des Bernard Palissy de la psychanalyse ( Podcast n°19)
Bienvenue sur ce site de podcasts Une psychanalyse à fleur d’inconscient. Aujourd’hui je voudrais à nouveau vous parler d’argent. Dans l’un de ses livres Gérard Haddad se compare à Bernard Palissy brûlant tous ses meubles pour découvrir l’art de la porcelaine. Chaque analysant peut se comparer à cet homme de passion, car la psychanalyse en est une. L’argent ne fait pas le bonheur comme dit le proverbe mais il y contribue. Il en va de même pour la psychanalyse. Il y joue son rôle au nom de la grande équation symbolique énoncée par Freud qui pose que, pour l’inconscient, les excréments, les cadeaux, l’argent, le pénis et les enfants sont des concepts qui s’échangent facilement. Nous entrons ainsi avec cet argent dans la langue de la névrose. Avec lui aussi l’analyse est mise en chantier, on passe d’emblée aux choses sérieuses.  Pour l’analyste, ce paiement par l’analysant n’est pas sans importance, ne serait-ce que parce qu’il lui permet de gagner sa vie, mais c’est aussi la preuve, aussi bien pour lui que pour l’analysant, qu’il ne joue pas un rôle messianique. Il n’est pas là pour sauver l’humanité souffrante. Il est là pour déchiffrer des symptômes. Lacan disait des psychanalystes qu’ils étaient des praticiens du symbolique, j’aime beaucoup mieux les appeler des vrais poètes du symptôme. Au fil du temps, au terme de ce travail, s’étant acquitté de sa dette en argent et non pas en nature, l’analysant peut ainsi s’affranchir de ce désir de l’Autre, désir de ses parents que l’analyste à en quelque sorte représenté dans le transfert. Lacan maniait ces questions d’argent je dirais sans complexe. Dans les vieux dictionnaires on peut encore quelquefois retrouver cette expression “ avoir du foin plein ses bottes” pour dire qu’on était très riche. A la fin d’une analyse, sans conteste, les bottes de ses analysants étaient vides. Il n’y avait plus de foin J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Deux rêves de femmes comblées ou la symbolique du rêve (podcast n° 18)
20-10-2022
Deux rêves de femmes comblées ou la symbolique du rêve (podcast n° 18)
Dans l’Interprétation des rêves Freud consacre un chapitre à la question de la symbolique. Il y écrit : « Quand on s'est familiarisé avec l'emploi surabondant de la symbolique pour figurer le matériel sexuel dans le rêve, on se demande si beaucoup de ces symboles ne sont pas analogues aux signes sténographiques pourvus une fois pour toutes d'une signification précise [...] Il faut ajouter à cela que cette symbolique n'est pas spéciale au rêve, on la retrouve dans toute l'imagerie inconsciente, dans toutes les représentations collectives, populaires notamment: dans le folklore, les mythes, les légendes, les dictons, les proverbes, les jeux de mots courants : elle y est même plus complète que dans le rêve ». J’ai choisi deux exemples de cette « imagerie inconsciente » du rêve. Avec le premier une jeune femme rêve d'un drôle de couvre-chef.  Elle raconte :  «Je vais me promener dans la rue en été, je porte un chapeau de paille de forme particulière, dont le milieu est relevé en l'air et dont les côtés retombent (ici la description hésite) de telle sorte que l'un tombe plus bas que l'autre. Je suis gaie et me sens en sécurité, et, en passant devant un groupe de jeunes officiers je pense: vous ne pouvez rien me faire. » Cette astucieuse analysante s’était coiffée des organes génitaux de son mari pour être sûre de résister à la tentation de se laisser séduire par tous ces jeunes officiers. «Ah comme j’aime les militaires ! » se disait-elle in petto. Peut-être l’air célèbre de la Grande Duchesse de Gérolstein avait-il inspiré son rêve. Offenbach connaissait l’âme féminine, Freud aussi… Je voudrais aussi souligner au passage, à propos de ce rêve, combien il est une belle démonstration de ce que Lacan soutenait dans les dernières années de son séminaire que l’homme aussi est un symptôme pour une femme. Là, il était au cœur de son agoraphobie, érigé en  instrument de sa protection. A propos du second rêve que j'ai choisi,   Freud  nous dit qu'il « parait aussi très innocent. «]'ai rêvé, dit une dame, quelque chose que j'avais réellement fait dans la journée. Une petite malle était tellement pleine de livres que j'avais peine à la fermer. Je l'ai rêvé comme cela s'était réellement passé. »   iI s'agit  d'une petite boîte qui a été tellement remplie qu'on n'y peut plus rien introduire. Or tous les coffrets, corbeilles et boites sont toujours des représentations du réceptacle féminin.   Jones a consacré un grand texte à la symbolique des mythes, des rêves et des symptômes. Lacan lui a rendu hommage, au moment de sa disparition en commentant ce texte sous ce titre« A la mémoire d’Ernest Jones, sur sa théorie du symbolisme ».  Je me demande si on ne peut pas dire que tout ces symboles sont les effets d’anciennes métaphores qui sont en quelque sorte laissées à la disposition du sujet. Il peut les adopter. Elles lui vont comme un gant, mais justement parce qu’il peut les ajuster à sa mesure, leur donner une touche personnelle, les faire siennes.  L'inconscient a plus d'un tour dans son sac  comme le prouvent ces deux jolis rêves d'érotisme féminin.   J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Les conquêtes de la psychanalyse   (Podcast n°16)
29-08-2022
Les conquêtes de la psychanalyse (Podcast n°16)
Certes Freud donna naissance à la psychanalyse dans la plus grande des solitudes, désapprouvé par le monde médical et abandonné de ses amis les plus proches. Cependant, au fil des années, quelques intelligences  curieuses s’intéressèrent à cette science de l’inconscient nouvellement née. Et au fil des années, l'abondante correspondance que Freud nous a laissé témoigne de la diversité des échanges qu’il entretenait avec des hommes delettres, des savants et des psychanalystes. Avec Lacan, qui a poursuivi pendant plus de trente ans son enseignement, la littérature était également une brillante partenaire de cette logique de l’inconscient, logique du désir, promue par lui. Mais il convoquait également à son séminaire les représentants les plus éminents de la linguistique, de la logique, de la philosophie. Furent invités à son séminaire, Aristote, Platon et Descartes ; Mais aussi Frege, Péano, Cantor et Pierce ; Leonard de Vinci, Holbein et Vélasquez ; Rimbaud, Verlaine, Gide, Genet et Joyce ; Saussure, mais aussi Lévi-Strauss, Merleau Ponty et Jacobson. Toute la richesse intellectuelle des temps passés et présents était ainsi mise à la portée d’oreille de ses auditeurs. Dans ses deux ouvrages, « Totem et tabou » et «Malaise dans la civilisation », Freud rend compte des champs voisins conquis par la psychanalyse, son extension à l’étude des religions, des mythologies, de la littérature et bien sûr son extension aux modes d’organisations sociales,  le point de départ de sa démonstration étant fondé sur le mythe du meurtre du père et de la culpabilité qui en découle.  Lacan a lui aussi étendu les immenses pouvoir de la psychanalyse jusqu'à  la politique, avec par exemple son célèbre aphorisme qui garde pourtant quelque mystère : « l'inconscient c'est la politique »1. Cependant il me semble qu'à l’inverse de Freud, Lacan  allait  plutôt de préférence chercher dans d’autres champs, des moyens pour explorer et rendre compte du champ de la psychanalyse lui-même.  Ainsi quand il parle de littérature ou de peinture, ce n’est jamais pour interpréter les oeuvres à la lumière de la psychanalyse, mais au contraire pour y mettre à l’épreuve les points théoriques dont il essaie de rendre compte. Deux exemples : Son étude de l’amour courtois lui sert à approfondir ce concept de Das Ding, donc cette notion du Réel, et lié a lui, ce qui est un des destins de la pulsion, la sublimation. De même quand il approche la question de l’art de Joyce, ce n’est que pour rendre compte de ce quatrième terme du noeud boroméen, le Sinthome,  qui noue les trois autres Réel, Symbolique et Imaginaire. Freud partirait plutôt   à la conquête d'autres champs, ce qui peut se comprendre en ce temps de naissance de la psychanalyse où elle a besoin de trouver ses titres de noblesse, tandis que Lacan engrange du savoir accumulé dans d’autres champs pour l’utiliser dans celui de la psychanalyse, mais non sans lui faire subir des traitements qui le rende propre à son usage..  Pourtant il y a un mot utilisé par Freud qui m’a frappé dans son texte « Contribution à l'histoire du mouvement analytique. Il est en effet  très révélateur des difficultés qu’il y a à transférer les concepts d’un champ déterminé dans un autre, c’est celui de « Dilettante ». Freud qualifie ainsi le psychanalyste  quand il s'aventure dans d'autres champs de savoir que le sien. Ce signifiant  vient étymologiquement du verbe latin « dilettare », correspondant au français « se délecter ». On peut se délecter, trouver plaisir à écouter de la musique ou à regarder un tableau sans pour autant être compétant dans ces deux domaines. On peut aller explorer un autre domaine que celui de l’analyse avec ses concepts mais on n’est pas pour autant un spécialiste du domaine dans lequel on souhaite les transplanter. Il se trouve que Freud attribue ce dilettantisme au psychanalyste mais ne peut-on  pas considérer que ces spécialistes-là feront, à leur tour, preuve de dilettantisme, en utilisant ces concepts analytiques, dans la mesure où il ne se sont pas eux-mêmes pliés à cette discipline de l’expérience analytique, pour y mesurer le bien-fondé de ces concepts ? J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
L'ébranleur de la terre-mère, un mythe de la fonction du père  (podcast n°15)
07-08-2022
L'ébranleur de la terre-mère, un mythe de la fonction du père (podcast n°15)
Bienvenue sur ce site de poscast «  une psychanalyse à fleur d'inconscient ».  Aujourd'hui je vous en donne un exemple que j'ai trouvé dans le livre de Freud, « Moïse et le monothéisme ». Freud y invente sous nos yeux  un vrai mythe de la fonction du père dans l'Oedipe, un mythe décrivant la mise en fonction  de la métaphore paternelle.  Dans cette note il nous indique que Yahwé avait été d'abord, en ces temps anciens, un primitif  dieu des volcans et il rajoute bien sûr qu’il n’avait pas été le premier à s’étonner de la similitude phonétique du nom de Yahwé avec la « racine de l’autre nom divin, Jovis, Jupiter. Or celui-ci est appelé "l'ébranleur de terre"  Freud avance ici un peu sur la pointe des pieds mais nous ouvre soudain des horizons mythiques littéralement grandioses, tout au moins quant à ce qu’il en est de l’instauration de la fonction paternelle en tant qu’elle libère le sujet de la toute puissance maternelle.  « Il me semble, écrit-il,  qu’en des siècles obscurs, plus ou moins soustraits à la recherche historique, les pays du bassin oriental de la Méditerranée furent le théâtre de fréquentes et violentes éruptions volcaniques qui produisirent le plus puissant effet sur la population». Se référant à des spécialistes il pense que la cité du roi Minos fut sans doute détruite par un tremblement de terre. Or c’était l’époque où régnait encore la grande déesse mère. Le fait qu’elle se soit cependant « trouvée incapable de défendre sa demeure contre les attaques supérieures peut avoir contribué à son éviction par une divinité masculine ».  Ainsi on rejoint ce que nous démontre toute la clinique analytique, le père est « l’ébranleur de terre», l’ébranleur de la terre-mère, à plus d’un titre. Certes « il la secoue, il la secourt », il lui donne accès à ce que Lacan nomme, dans le séminaire Encore, cette autre jouissance, cette jouissance au delà du phallus, mais pas seulement, il l’ébranle aussi dans sa toute-puissance.  C'est ce que Lacan décrit dans la  séance du 29 janvier 1958 du séminaire Les Formations de l'inconscient qui a pour titre «  la métaphore paternelle ». Selon la définition que nous en donne Lacan, dans cette métaphore, le signifiant du Nom-du-père vient se substituer au signifiant du désir de la mère et livrer ainsi comme effet de cette métaphore ce qu’il en est de la signification phallique. Dans les dernières lignes de sa note, si nous retournons maintenant au passage  qu'il consacre à ce dieu des volcans, première forme en quelque sorte du dieu des juifs, Freud nous laisse sur une énigme à propos de ces déesses-mères.   Il suggère en effet que la déesse Athéna était l'une de ces anciennes déesses mères qui  est devenue, dans la religion grecque, non plus la mère mais  la fille de Zeus. C'est lui qui l'a porté, fille de son esprit. Selon le mythe, elle a été mise au monde d'un coup de hache porté sur son crâne par l'un de ses serviteurs. Elle en sortit tout armée de son casque et de son épée.   Est-ce que, par cette couvade symbolique, on ne peut pas dire que Zeus a transformé ainsi la mère primitivement phallique en fille-phallus et donc en signifiant de son désir ?   J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes  développés. (  https://www.le-gout-de-la psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Lacan le poète ( Podcast n° 14)
10-07-2022
Lacan le poète ( Podcast n° 14)
En son temps, Lacan avait été comparé à Luis de Gongora y Argote, un grand poète espagnol, d'où le titre de ce podcast : Lacan le poète. Je vais  bien sûr essayer de  le démontrer.   Dans « Fonction et champ de la parole et du langage », l’un de ses premiers textes où il se risque à une approche linguistique de la psychanalyse, avec sa logique du signifiant, Lacan écrivait :  « La loi primordiale est donc celle qui en réglant l’alliance superpose le règne de la culture au règne de la nature livré à la loi de l’accouplement. L’interdit de l’inceste n’en est que le pivot subjectif, dénudé par la tendance moderne à réduire à la mère et à la sœur les objets interdits aux choix du sujet[...]. Cette loi se fait donc suffisamment connaître comme identique à un ordre de langage. Car nul pouvoir sans les nominations de la parenté n’est à portée de d’instituer l’ordre des préférences et des tabous qui nouent et tressent à travers les générations le fil des lignées.  » En relisant cette lumineuse citation de Lacan, en ce temps des premiers séminaires, je me demandais ce qui avait pu infléchir à ce point son style, au cours des années, au point d'inverser la célèbre formule de Boileau  «  ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement ».  quels transferts avaient ainsi modifié son mode  d’adresse à ses auditeurs. Aurait-il éprouvé le besoin de devenir de plus en plus hermétique à la mesure de son succès dans les milieux intellectuels français dans sa crainte d'être trop bien compris, ou bien était-ce son effort pour rendre la psychanalyse transmissible par une sorte de mathématisation qui l’aurait nécessité ? Concernant cette mathématisation, il semble qu’il y avait quand même renoncé, en 1978 au moment de la clôture du congrès sur la transmission de la psychanalyse, en constatant qu’elle était intransmissible et ne pouvait être que réinventée à chaque fois, par chaque analysant devenu psychanalyste. Quoiqu'il en soit, on ne peut que de constater qu'au cours des dernières années de son séminaire,  il  ne parlait plus que par énigme ou ellipses quand ce n'était pas en inventant de nouveaux mots tel le titre de l'un de ses séminaires « l’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre » en 1976.  Comment déchiffrer par exemple cet aphorisme qui pourrait même paraître de  l'ordre de la provocation « Une femme ne rejoint L’homme que dans la psychose » ? Si vous ne commencez pas par étudier, et encore pas à pas, ce que Lacan a mis en place des quatre formules de la sexuation, avec notamment la fonction d’exception du père qu’il évoquait dans cette première approche de la  Loi primordiale et qu'il a en quelque sorte mathématisé,   vous ne risquez pas de pouvoir en dire quelque chose qui se tienne, c’est à dire qui témoigne de votre propre énonciation, de votre approche de la théorie analytique.  En  s'appuyant sur cet exemple, on peut constater à quel point, grâce à ces sortes d'énonciations, grâce à son style, on ne pourra jamais, comme il l’espérait lui-même, fabriquer un nom en « isme  » avec son nom propre et ériger ses élaborations théoriques au rang de dogmes, ceux du lacanisme.  Mais il me semble que l'essentiel est ailleurs, dans le fait que Lacan par son style démontre à quel point il est un poète de la psychanalyse, que son style rend compte des mécanismes mêmes qui président aux manifestations de l'inconscient, que Freud à nommé la condensation et  le déplacement et que Lacan a rapproché de la métaphore et de la métonymie.  Dans cette approche Lacan souligne le fait que le terme de «Verdichtung », la condensation, contient, enserre en son sein, dans ses lettres,  le terme même de poésie,  la « Dichtung » en allemand.  Par son style Lacan, Lacan le poète,  nous démontre donc que la théorie analytique pour être proche de la clinique ne peut la rejoindre qu'à fleur d'inconscient et ce n'est qu'ainsi qu'elle peut se transmettre, en provoquant des effets de transfert et donc une rencontre entre deux savoirs inconscients, celui de l'auteur et celui du lecteur ou de l'auditeur à qui il s'adresse.   Ce savoir ainsi transmis n'est pas appris comme à l'école, mais ressenti. Le sujet en est « affecté », tout comme on peut être affecté par un poème de Rimbaud ou de Baudelaire.    Cette citation de Lacan " Une femme ne rejoint L'homme que dans la psychose" se trouve dans Télévision. Elle est aussi évoquée dans l'Etourdit. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Ces plaisirs de la bouche ; Le sein comme objet a (podcast n° 13)
16-06-2022
Ces plaisirs de la bouche ; Le sein comme objet a (podcast n° 13)
Bienvenue sur ce site de podcats «  une psychanalyse à fleur d'inconscient ». Aujourd'hui je voudrais parler de ces plaisirs de la bouche qui prennent leur source dans ce premier lien de l'enfant à sa mère, à celle qui l'a nourri.   Dans L'interprétation des rêves, un analysant de Freud,  à propos des seins de sa maîtresse qui l'avait fait tomber sous ses charmes, cite ces vers de Goethe.  «  J'ai fait jadis un beau rêve ; j'y voyais un pommier, Deux belles pommes  brillantes y pendaient, elle m'ont tenté. J'y montais ».   Mais  la belle lui répond : « Me voici transportée de joie car mon jardin en a de pareilles ».  Quel usage pourra-t-elle  faire de ces pommes, pour elle-même. Avec ces plaisirs de la bouche nous pouvons tenter d'y répondre.   Ces plaisirs de la bouche l’enfant les découvre très tôt puisque le sein est son  premier objet sexuel. Mais autour de cet échange entre la mère et l’enfant, ce qu’on oublie souvent c’est le  plaisir de la mère d’allaiter, de nourrir son enfant. C’est ce plaisir là, celui de la mère qui nourrit  que les deux festins, celui de Juliette et celui de Babette mettent en scène. Ces plaisirs du goût, y compris celui du goût de la psychanalyse, m’ont évoqué ce que Lacan avait écrit, il y a bien longtemps, de l’Imago du sein maternel. C’est un fait bien connu que ces premiers liens de l’enfant à sa mère marque en effet la vie amoureuse de chacun et pas seulement par tous ces plaisirs de la bouche, mais ce que j’en ai surtout retenu, cette fois-ci, c’est ce qu’il décrit des satisfactions maternelles qu’ils apportent en écho à ces premiers liens. La petite fille qui a été nourrie par sa mère, est, en quelque sorte, une mère comblée quand, à son tour, elle peut tenir un enfant dans ses bras et l’allaiter. Lacan, dans « Les complexes familiaux, écrivait : « Dans l’allaitement, l’étreinte et la contemplation de l’enfant, la mère en même temps reçoit et satisfait le plus primitif de tous les désirs… Seule l’Imago qui imprime au plus profond du psychisme le sevrage congénital de l’homme – soit la séparation du sein maternel – peut expliquer la puissance, la richesse et la durée du sentiment maternel. La réalisation de cette imago dans la conscience assure à la femme une satisfaction psychique privilégiée… » Je trouve que ce passage des complexes familiaux qui est un texte très ancien de Lacan est une aperception, une préfiguration de ce qu'ilformulera beaucoup plus tard, du fait que pour les femme, ce sont ses enfants qui sont ses objets petits a et que c'est auprès d'eux que le père doit intervenir pour y poser un certain nombre d'interdictions.  J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des  premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes  développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Et si nous parlions d'argent ? (podcast n°12)
29-05-2022
Et si nous parlions d'argent ? (podcast n°12)
Parmi  les conseils techniques que Freud formule à l'usage des psychanalystes, il aborde aussi  la très sérieuse question de l'argent.  Il écrit «  l 'analyste ne conteste pas que l'argent doive être avant tout moyen de vivre et d'acquérir de la puissance, mais il prétend qu'en même temps d'importants facteurs sexuels jouent leur rôle dans l'appréciation de l'argent et c'est pourquoi il s'attend à voir les gens civilisés  traiter de la même façon les problèmes d'argent et les faits sexuels, avec la même duplicité, la même pruderie et la même hypocrisie. C'est pourquoi le médecin décide de prime abord de ne pas abonder dans ce sens mais de traiter les questions d'argent avec autant de franchise naturelle qu'il en exige lui-même de son patient en ce qui touche à la sexualité.   En parlant volontairement de ses honoraires, en évaluant le prix du temps qu'il consacre à son malade, le médecin montre qu'il renonce à toute fausse honte Freud indique aussi que  dans toutes les manifestations de l'inconscient, rêves, symptômes ou actes manqués, les concepts d'excréments, d'argent et de cadeaux ainsi que celui de pénis et d'enfant « se séparent mal et s'échangent facilement entre eux ».  Il parle à leur propos d'une grande équation symbolique déterminante non seulement dans la fabrication des symptômes mais dans le choix des identifications sexuées, comme homme ou comme femme.   Cette équation symbolique on la retrouve aisément dans chacune des cinq psychanalyses notamment dans celle de l'Homme aux rats où il avait posé comme équivalent monétaire Un rat égal un florin, au cours du déploiement de son grand délire obsessionnel. On la retrouve  aussi bien dans l'analyse de Dora où elle évoque le peu de fortune de son père qui est en somme la métaphore de son impuissance sexuelle auprès de madame K. Mais si cette question de l'argent nous porte au cœur du noyau incandescent de la névrose, comment alors résoudre les difficultés que posent la gratuité ou le remboursement des séances de psychanalyse par la sécurité sociale.   La question reste grande ouverte avec le risque, pour l'analysant,  de devoir continuer à payer, comme on dit,  « en nature » au lieu de payer en argent.   En guise de conclusion, pour parler d'or, peut-être faut-il aussi parler d'argent !    J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Liliane Fainsilber   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Les trois catégories lacaniennes, symbolique, imaginaire et réel nouées par le symptôme ( podcast n°11)
30-04-2022
Les trois catégories lacaniennes, symbolique, imaginaire et réel nouées par le symptôme ( podcast n°11)
Aujourd'hui je voudrais vous parler de ces trois  catégories du Symbolique, de l’Imaginaire et du Réel que Lacan a introduit très tôt dans son enseignement.   Ce sont en effet  trois catégories qui permettent de structurer ce qu’il en est de l’expérience analytique, de pouvoir s’y 0.repérer de façon rigoureuse et surtout d’assurer ce qui est la fonction décisive du psychanalyste, l’interprétation. Peut-on dire, juste en quelques mots, et en quelques minutes  ce que sont ces trois catégories ? Je vais essayer de le démontrer à l’aide  tout d'abord d'une petite histoire drôle mais vraie qui m'a été racontée par une de mes amies analystes. Dans sa ville natale, Hélène, encore adolescente, entourée de ses amies, écoutait le sermon d'un homme d'église. Au cours de son homélie, alors qu'il parlait de l'interdit, pour un chrétien, d'attenter à ses jours, il évoqua l'histoire d'un homme qui s'était pendu mais qui,  dépendu à temps par des voisins, avait été ainsi sauvé. Ce prêtre, sans doute saisie par une inspiration divine, s'était  alors écrié, avec beaucoup de conviction en s'adressant à lui «  Repends toi ! ». Si cette invitation à se repentir qui avait été ainsi entendue par les jeunes filles de sa paroisse comme une invitation à se rependre les avait beaucoup amusées, on peut s'apercevoir que cela ne se jouait qu'à deux lettres près entre un d et un t  pour écrire le repends-toi. C'est à ce niveau d'écriture qu'on peut donc y voir en clair la fonction du symbolique.  L'imaginaire, c'est toute la scène qui se déroule devant nos yeux, le sermon du prêtre.  Quant au réel, c'est à la fois, l'aspiration au suicide de ce paroissien, mais aussi le fait qu'il soit ainsi invité à se rependre par le prêtre.     Après  cette petite introduction je voudrais reprendre les deux mots  d'esprit  que Lacan a empruntés à Freud, et qu’il commente dans le séminaire des Formations de l’inconscient, ils sont en effet d'une structure plus simple et donc plus faciles à aborder que celle des rêves ou des symptômes.   J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés. (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
De la nécessité de parler de son travail d'analyste à un autre analyste ( Podcast n°10)
31-03-2022
De la nécessité de parler de son travail d'analyste à un autre analyste ( Podcast n°10)
Bienvenue sur ce site de posdcasts «Une psychanalyse à fleur d'inconscient » !  Je voudrais aujourd'hui vous parler de ce qu'on appelle un contrôle.    C’est le mot en usage pour indiquer le fait qu’à ses débuts, il est judicieux qu’un analyste  puisse parler de son travail avec ses analysants à un autre analyste.  Certes ce mot est plus que mal choisi. On  lui préfère quelquefois  surtout dans les pays anglo-saxons, celui de supervision.  Il y a quelques années, nous avions proposé avec quelques amis analystes de débaptiser ce contrôle, en raison de  tous les effets surmoïques qu’il pouvait provoquer en référence à cette période infantile de l’apprentissage de la propreté avec l'éducation des sphincters. A la place nous avions proposé le nom d’accompagnée. Le jeune analyste était accompagné dans ses premiers pas auprès de ses analysants, par un analyste plus expérimenté qui serait   son compagnon de route.  Certes la proximité de sa propre analyse peut  donner à l'analyste débutant quelques aperceptions fructueuses qui,  même si elles peuvent être  intempestives n'en sont pas pour autant nocives quand il commence à exercer ce métier de psychanalyste.    Au  fond, un analyste débutant se retrouve un peu dans la position de Freud vis à vis de ces premiers analysants. Ils découvrent ensemble l'inattendu de leur  histoire. Cependant on peut suggérer que n'ayant pas forcément son génie,  autant que cet analyste  fasse part de ses interventions, repérages et interprétations diverses à un tiers qui, par le transfert, lui permette d'élaborer ce qui se passe entre lui et ses analysants. Théodore Reik qui dans son ouvrage « Ecouter avec la troisième oreille » avait donné quelques exemples cliniques de cette nécessité  avait risqué cette  formule  « Analyste, analyse-toi ! » Mais comme elle pourrait être entendue comme un mot d'ordre ou une injonction,  j'ai préféré la rendre plus légère et donc plus séduisante à l'écoute  :  Analyste, analyse-toi,  pour que ton analysant  puisse en faire autant ! Et que pourrait-on souhaiter de mieux au cours d'un contrôle?  J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace   0
" Un amour toujours présent dans le réel" entre l'analysant et l'analyste ( Podcast n°9)
12-03-2022
" Un amour toujours présent dans le réel" entre l'analysant et l'analyste ( Podcast n°9)
Bienvenue sur ce site de podcasts "Une psychanalyse à fleur d'inconscient."  Je vais encore aujourd'hui vous parler d'amour, des amours analytiques.  Déjà dans les "Études sur l'hystérie," Freud se posait la question de savoir ce que l'analyste pouvait offrir à l'analysant en échange de cet amour de transfert qui s'exprimait dans l'analyse.  Il tentait d'y répondre par ce qu'il appelait «  un surrogat » d'amour, une sorte de substitut  d'amour éprouvé par le psychanalyste.   Lacan  a franchi un pas de plus par rapport à Freud. Il était moins  hésitant  quant à cette question de l'amour dans le cours d'une analyse.   Alors qu'il forge ce nouveau concept le désir du psychanalyste, il met en lumière dans le séminaire l'Angoisse,  les travaux d'une psychanalyste anglaise, qui  plutôt à contre-courant du monde analytique, n'éprouvait aucune méfiance à l'égard du contre-transfert c'est à dire des sentiments éprouvés par l'analyste à l'égard de l'analysant. Cette analyste s'appelait Lucie Tower.  Dans un article paru en 1955, elle affirmait en effet  qu'une étude scientifique de l'inconscient du psychanalyste devrait nous permettre d'accroître notre efficacité thérapeutique et nous donner une base scientifique solide avec laquelle évaluer les techniques de traitement.  Elle soutenait aussi le fait qu'à son idée, « les sentiments érotiques éprouvés par l'analyste sont inhibés quant au but et ne le poussent pas à l'action, et que donc ils ne doivent pas être réprouvés par le groupe analytique mais laissés vivre en liberté dans le champ de l'expérience analytique. Lacan lui aussi, à sa façon a cautionné l'importance à accorder aux affects du  psychanalyste. Il a en effet toujours soutenu qu'il n'est pas interdit d'éprouver des sentiments pour son analysant mais que le tout c'est de savoir s'en servir. Et justement  au sujet de ces travaux de Lucie Tower, évoquant les liens si étroits de Freud et de Dora, Lacan décrivait à son tour la qualité des amours analytiques et soulignait le fait que l'amour de transfert n'est pas simple reproduction, réédition de nos amours anciennes, qu'il est toujours un amour tout à fait présent dans le réel. Je le cite «  Le texte de Dora « peut à tous ceux qui ont entendu mon discours sur le banquet, rappeler cette dimension toujours élidée quand il s'agit du transfert, à savoir que le transfert n'est pas simplement ce qui reproduit une action, une attitude, un traumatisme ancien et qui le répète, c'est qu'il y a toujours une autre coordonnée... un amour présent dans le réel, et nous ne pouvons rien comprendre au transfert si nous ne savons pas  qu'il est la conséquence de cet amour là. ».  Lacan, dans l'un des tout premiers textes qu'il a consacré à Dora, « Intervention sur le transfert »,  indique que,  pour lui,  c'est  le texte même de cette première des cinq psychanalyses qui  apporte la preuve de cet amour.  Son écriture est  en quelque sorte une forme de  sublimation de cet amour de transfert, la symbolisation de cette perte, de ce deuil de l'objet d'amour, que fut pour lui Dora.      Il élève en effet  ce « Fragment d'une analyse d'hystérie »  « à la hauteur de ton » du roman de la  Princesse de  Clèves. Il en fait donc une sorte de monument de la littérature analytique.  . Je vous incite donc à aller relire ce roman de Madame Lafayette  si vous voulez en savoir un peu plus sur ce qui a incité Lacan a comparer ainsi ces deux héroïnes, surtout si au détour de ce texte, il vous vient à l'idée de rapprocher le rôle que joue la mère de la princesse de Clèves, madame de Chartres auprès de sa fille et celui de madame K. auprès de Dora. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des  premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la  psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes  développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
L'identification hystérique, selon Michel de Montaigne (Podcast n° 8)
19-02-2022
L'identification hystérique, selon Michel de Montaigne (Podcast n° 8)
Aujourd'hui je voudrais vous parler de l'identification hystérique et du désir de changer de sexe selon Michel de Montaigne.   Les Essais de cet écrivain gardent  encore beaucoup de saveur pour les lecteurs d’aujourd’hui. L’un de ces chapitres a retenu mon attention. Il a pour titre « de la force de l’imagination ». Après une citation latine choisie avec à propos, «  Une forte imagination suscite l’événement », il nous en donne d’emblée un exemple amusant : « La vue des angoisses d’autrui m’angoisse matériellement, et mon sentiment a souvent usurpé le sentiment d’un tiers. Un tousseur continuel irrite mon poumon et mon gosier. Je visite plus mal  volontiers les malades auxquels le devoir m’intéresse… Je saisis le mal que j’étudie et je le couche en moi. » Il donne encore quelques jolis exemples de la force de l’imagination qui peut provoquer quelques transformations inattendues du côté du changement de sexe.  Montaigne semble donc nous dire qu’il suffit de le vouloir avec force pour que ces désirs se réalisent. Ce en quoi il reste si actuel.   Faisant appel à Ovide et à ses métamorphoses,  il raconte en effet comment, de par la simple force de son désir, « son désir véhément» et surtout de celui de sa mère, une jeune fille fût transformée en homme, le soir de ses noces. Dans un article très important pour l'approche de la névrose hystérique et au reste de toute névrose, article qui s'appelle « Les fantasmes hystériques et leur rapport à la bisexualité » Freud y avançait que le symptôme à presque toujours une signification bisexuelle. Il réalise à la fois un fantasme sexuel féminin et un fantasme sexuel masculin de telle sort que l'un de ces deux fantasmes prend sa source dans une motion homosexuelle. Cependant quelquefois  le symptôme  est dédoublé pour exprimer ce double fantasme.   Tous ces personnages évoqués par Montaigne ne peuvent-ils pas servir  d'exemples de ces identifications viriles des femmes ?   Et justement, à  ce propos, est-ce qu'on ne pourrait pas inciter  tous ceux qui en ce moment s'intéressent de près à cette question du genre, du non-genre, voire du transgenre, à relire Montaigne et surtout à  s'imprégner de sa sagesse?   J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des  premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la  psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes  développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
L'amour de transfert mais découvert et vécu du côté du psychanalyste ( Podcast n°7)
31-01-2022
L'amour de transfert mais découvert et vécu du côté du psychanalyste ( Podcast n°7)
Bienvenue sur ce site de Podcasts que j'ai appelé «  une psychanalyse à fleur d'inconscient » pour y démontrer que c'est toujours à fleur d'inconscient que se rejoignent la clinique et la théorie analytique.  Aujourd'hui, je voudrais  vous parler de l'amour de transfert mais découvert et vécu du côté du psychanalyste.  Dans son texte « observations sur l’amour de transfert », écrit en 1915, Freud décrit les mésaventures qui peuvent arriver à un jeune analyste inexpérimenté lorsqu’il se trouve aux prises avec les flambées de l’amour de transfert, amour qui  est provoqué par la situation analytique elle-même.  Il indique donc comment s’y prendre avec cet événement inévitable mais pourtant difficile à gérer.  Un joli rêve de transfert que raconte Freud dans L’interprétation des rêves illustre ces romantiques amours analytiques. C'est le rêve d'une jeune femme  : « pendant son séjour d’été au lac de…  elle se précipite dans l’eau sombre, là où la lune pâle se reflète dans l’eau.»  C'est un typique rêve de naissance, au lieu d'entrer dans l'eau elle en sort. Nouvelle Aphrodite elle émerge des eaux maternelles.  Freud nous l’indique, c’est pour elle, à la fois un rêve de renaissance, elle est remise au monde par Freud, au cours de son analyse, mais elle désire aussi être mère et que l'analyste  lui donne un enfant en cadeau. Freud rajoute que ce rêve servit beaucoup à la cure. Cela ne nous étonne guère car on y voit se dessiner, pour l’analysante,  les chemins de sa féminité, accompagné en cela par son psychanalyste.   Avec cette découverte clinique de ce qu’est l’amour de transfert, c'est maintenant  la théorie analytique qui  nous permet  de préciser tout d'abord ce qu'est ce transfert et de saisir en quoi consiste ce « maniement du transfert » qui évoque une pratique, une sorte d'artisanat, en bref un savoir-faire du psychanalyste, un « truc » ou mieux un « truquage», selon Lacan.     J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des  premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la  psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )
Dans la tourmente des amours de transfert, Sabina Spielrein (podcast n° 6)
07-01-2022
Dans la tourmente des amours de transfert, Sabina Spielrein (podcast n° 6)
Bienvenue sur ce site de podcasts « Une  psychanalyse à fleur d'inconscient ».  Aujourd'hui je veux vous parler de ce  concept du contre-transfert qui a été inventé par Freud comme un élément tout à fait essentiel de la technique analytique. Il apparaît pour la première fois, posé dans toute sa nécessité, entre les lignes de la correspondance de Freud et de Jung. Il le définit, dans une première approche, par la façon dont l'analyste est en quelque sorte affecté par ce que lui raconte l'analysant. Mais on s'aperçoit aussi, en lisant ces lettres, que ce concept naissant est étroitement lié à la présence insistante et pas toujours avouée, d'un amour coupable, parce qu'interdit,  entre Karl Jung et  Sabina Spielren. Freud avait   pris,  au moins en un premier temps, le parti de Jung au détriment de Sabina mais  on peut penser, pour lui accorder quelque indulgence,  qu'il essayait ainsi de  maintenait le  cap de son invention malgré les difficultés rencontrées. «  C'est vrai, constate-il, qu'il y a des expériences malheureuses, mais le travail doit quand même se poursuivre envers et contre tout ». Dans un sorte d'urgence à la fois clinique et éthique, Freud écrit à l'usage de ces premiers psychanalystes une grand texte qui s'appelle «  Observations sur l'amour de transfert » et les analystes y sont fermement invités à ne pas tomber dans ses rets.    Cette question du contre-transfert apparaît donc dans un contexte de passion, de drame à trois personnages et où Freud ne fut pas tout à fait à la hauteur de sa tache,  cependant il ne faudrait pas en déduire que toutes les amours analytiques sont maléfiques. Elles sont incontestablement démoniaques en raison des liens au père qu'elles réveillent, mais elles peuvent être bénéfiques à condition que l'analyste apprenne à utiliser au mieux ce qu'il éprouve pour ses analysants. Quant l'analyste « sait à temps mobiliser ses affects » c'est là que peut naître, en tant que tel, ce que Lacan a appelé « désir du psychanalyste ». C'est de ce désir dont je vous parlerai la prochaine fois avec les amours analytiques de Lucie Tower, une analyste qui n'avait pas froid aux yeux en décrivant la mise en jeu auprès de ses analysants de ce qu'elle appelait « sa névrose de contre-transfert ».   J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la  psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )   Musique :  Sincerity par  Glowing Palace
Le désir de  Zoé, une psychanalyste de rêve (Podcast n°5)
20-12-2021
Le désir de Zoé, une psychanalyste de rêve (Podcast n°5)
Bienvenue sur ce site de podcasts.  C'est toujours  à fleur d'inconscient que se rencontrent la clinique et la théorie c'est ce qui justifie le choix de ce titre. En effet  les élaborations théoriques du psychanalyste sont, au même titre que ses symptômes ou que ses rêves,  des  formations de l'inconscient .     Lorsque les femmes cultivent les champs de la psychanalyse, on peut reconnaître qu'elles ont le plus souvent la main verte. Elles écoutent volontiers les manifestations de l'inconscient de leur analyste et puis tout aussi volontiers celles de leurs analysants. Si elles ont ces facilités, c'est peut-être du à la singularité de leur rapport à l'inconscient ou encore à la forme même du complexe de castration féminin. En guise  d'exemple, je vous parlerai  aujourd'hui de Zoé, une psychanalyste de rêve. La vivante et espiègle Zoé avait en effet entrepris de guérir de son délire son ami d'enfance un peu fou, Norbert Hanold, un jeune archéologue, tombé amoureux d'une statue de pierre qu'il appelait la Gradiva, celle qui resplendit en marchant.   Ce roman que Freud a beaucoup apprécié dans son livre «  Délire et rêves dans la Gradiva de Jensen » pour y décrire "la marée montante du transfert" pourrait être aussi considéré comme une jolie métaphore de ce qu'est le transfert selon Lacan : «  la mise en acte de la réalité de l'inconscient dans son lien au désir du psychanalyste », avec justement ce qu'il en était du  désir de Zoé Bertgang. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse.  Je l'ai appelé " Le goût de la  psychanalyse". Vous pouvez y retrouver la plupart de  ces textes développés (  https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )  Musique :  Sincerity par  Glowing Palace