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Citations célèbres expliquées: « Le grand problème de la production capitaliste n'est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d'exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices. », Le droit à la paresse, Paul Lafargue, 1883.

Cette citation est tirée d’un essai au titre volontairement provocateur Le droit à la paresse. Écrit à la fin du XIX ème siècle, par Paul Lafargue, essayiste, journaliste, homme politique socialiste français, il est aussi connu pour être le gendre de Karl Marx. Il baigne donc dans la pensée socialiste. Constatant que les hommes travaillent de plus en plus, il revendique dans cet ouvrage un droit à la paresse, pas à ne plus travailler, mais à moins travailler.

Il s’appuie sur la dialectique marxiste qui montre que le travail salarié n’est pas un épanouissement mais un asservissement, une torture qui profite à peu de gens, aux capitalistes. Il renoue aussi avec les idées de Rousseau qui mettaient en avant la vie du « bon sauvage », de l’homme à l’état de nature qui ne travaillait que ce qu’il fallait. Il fait appel encore à l’Antiquité et ses penseurs qui voyaient dans le travail manuel un empêchement à penser et à s’instruire.

En-dehors de l’idéologie socialiste de la citation, ce qui marque c’est une impression de modernité. Lafargue débute par un constat Le grand problème de la production capitaliste n'est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces. La fin du XIX ème siècle correspond à la fin de la première révolution industrielle. Les infrastructures ,comme les transports, les mines ou les usines, ont envahi les villes et les campagnes. L’appareil industriel est déjà imposant. C’est pourquoi il pense que l’offre ne peut augmenter.

Il place donc l’avenir du capitalisme, du commerce sur la demande, sur la consommation:  mais de découvrir des consommateurs, d'exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices. Et ici, nous pouvons trouver un écho avec notre époque. Découvrir des consommateurs , c’est élargir un marché. On peut penser à la mondialisation, au fait de dénicher de nouveaux marchés à l’étranger. Exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices , c’est provoquer des achats par la publicité. C’est aussi vendre des choses qui ne sont pas nécessaires. À l’heure actuelle, les réseaux sociaux, le fameux débat sur les influenceurs seraient une cible parfaite pour Lafargue. Nous sommes aussi surchargés de biens jetables et/ou inutiles mais que nous achetons sur des pulsions.

La consommation actuelle est autant utilitariste (les besoins) que factice (loisirs ou apparences). Lafargue avait bien vu que les besoins primaires dépassés, il fallait en créer d’autres. Il avait bien senti l’importance de la publicité. Les termes appétits et factices montrent son jugement hautement péjoratif, presque moral. Cependant, une civilisation de confort et de loisirs peut être souhaitable et agréable…

Le grand problème de la production capitaliste n'est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d'exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices.

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