"L'abeille", de Paul Valéry

Un jour, un poème

01-03-2023 • 1 minute

Lucas lit "L'abeille", de Paul Valéry


Quelle, et si fine, et si mortelle,

Que soit ta pointe, blonde abeille,

Je n’ai, sur ma tendre corbeille,

Jeté qu’un songe de dentelle.

Pique du sein la gourde belle

Sur qui l’Amour meurt ou sommeille,

Qu’un peu de moi même vermeille

Vienne à la chair ronde et rebelle !

J’ai grand besoin d’un prompt tourment :

Un mal vif et bien terminé

Vaut mieux qu’un supplice dormant !

Soit donc mon sens illuminé

Par cette infime alerte d’or

Sans qui l’Amour meurt ou s’endort !


Paul Valéry, Œuvres de Paul Valéry, 1933