Processus et changement

Monde sensible

18-04-2023 • 8 mins

Aujourd’hui je choisis d’écrire à partir de ma douleur. Je suis coincée du dos, comme il m’arrive souvent.

Les jours passent et je dois bientôt diffuser mon prochain podcast. Je n’ai toujours rien, et c’est la première fois depuis le début de cette nouvelle aventure créative. Je me suis posée devant mon ordinateur pour écrire, à maintes reprises, mais rien n’est venu. Ou si, des mots, phrases, mais dictés par mon mental, par ma tête qui sait que je dois et veux écrire. Si je ne suis pas dans le flow et la créativité instantanée, que dois-je faire ? Plusieurs options s’offrent à moi aujourd’hui. La première : rédiger coûte que coûte et juste faire le job, le temps de retrouver mon inspiration. Mais cette option ne sonne pas juste pour moi. Une autre option consisterait à lâcher-prise –dans le sens commun du terme–, et à attendre mardi. Si je n’ai rien au moment de la publication, je pourrai annoncer que je m’octroie une pause, tout simplement. C’est bien, aussi, de s’écouter et de se ficher la paix. Ou alors, je pourrais m’octroyer une pause, mais ne rien annoncer ; avec un peu de chance, personne ne s’en apercevra. Il y a quand même quelque chose qui me chiffonne dans cette idée. J’ai annoncé en janvier un épisode tous les quinze jours. Quid du processus ? Faire péter le processus, c’est selon moi s’empêcher de constater que quelque chose n’est pas complètement aligné. Bien sûr, une urgence peut toujours se présenter, et « à l’impossible nul n’est tenu », mais si je peux utiliser mes mains et ma tête, où se situe l’équilibre entre rigidité du cadre et abandon ? Si j’observe la situation sous le prisme du lâcher-prise tel que je le définis dans ma pratique, je me rends compte que le lâcher-prise ne se situe pas dans le fait de lâcher le processus, mais dans celui de lâcher le contenu au sein du processus. C’est-à-dire, de ne pas m’accrocher à la structure de mon podcast et à m’y tenir coûte que coûte, mais de m’autoriser à laisser émerger à partir de ce qui est, au sein du cadre imposé. En tant que coach et superviseur, je confirme que le cadre du processus est le point d’attention à garder en tête, pour donner une chance au contenu d’émerger sous une forme nouvelle. Ce contenu ne doit pas être maîtrisé, ou calqué sur ce qui a déjà marché par le passé. Si le cadre du processus est sécuritaire en ce qu’il est fixe – mais pas figé –, le contenu, lui, est changeant. Et si on le laisse émerger au sein de ce cadre fixe, alors il apparaît comme juste et harmonieux. Pars forcément parfait, mais juste, en ce qu’il prend en compte un maximum d’informations révélées par le cadre. Carl Gustav Jung a d’ailleurs affirmé : « Il vaut mieux être complet que parfait. » Le cadre fixe du processus m’invite à observer que quelque chose est en train de bouger. Il agit comme une loupe grossissante qui donne à voir ce qui est. Exactement comme le processus de coaching ou de supervision. Je suis d’avis que le changement recherché par les personnes qui font appel à un coach, est déjà présent au moment où elles nous contactent. Nous sommes juste des passeurs qui permettent à l’individu concerné d’observer ce changement en conscience, et d’identifier les actions à mettre en place pour l’intégrer et se l’approprier avec fluidité. Je suis d’avis qu’un coach qui s’engage dans un travail de supervision, est conscient de ce mouvement perpétuel. Il sait qu’au contact des systèmes qu’il accompagne, il vivra à son tour les symptômes du changement, entre résistances et responsabilisation. L’objectif d’un travail de supervision, comme de coaching, n’est d’ailleurs pas de toujours faire ce qu’il faut, mais de faire en conscience, dans une intention de respect et de fluidité du vécu des individus concernés, comme de soi-même. Ce qui n’exclut pas forcément résistances, tensions et douleurs parfois, mais redonne à ces dernières leur place, pour une appréhension du réel complète, plus que parfaite.

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