Ukraine: le délicat remplacement du général Zaloujny

Lignes de défense

18-02-2024 • 2 minutes

Alexandre Syrsky a été nommé le 8 février dernier à la tête des forces ukrainiennes. Il remplace le très populaire général Valéry Zaloujny après deux ans de guerre et alors que le front est gelé. Mais ce changement au sommet pourrait se révéler délicat à gérer pour le président Zelensky.

Depuis plusieurs semaines, l'éviction du général Zaloujny, héros de la résistance ukrainienne, était évoqué avec insistance. Il aura donc fallu un peu de temps et pas mal d'hésitations semble-t-il pointe le géopolitologue Cyrille Bret, pour remplacer celui que les ukrainiens surnomment « Saint Zaloujny » : « Il faut envoyer à la fois un signal à la population ukrainienne, un signal aux alliés de l'Ukraine et un signal à l'ennemi à la Russie. Donc le casting n'était pas facile à faire. En tout cas le couple Zelensky- Zaloujny était arrivé au bout du chemin. Et ce qu’a essayé de faire le président Zelensky, c'est de prendre un nouveau départ, aussi bien politique que militaire. »

2024, une zone de turbulences

Le président Zelensky a immédiatement réclamé au général Syrsky un plan de bataille réaliste pour 2024, désormais reste à faire accepter ce changement à la tête des armées et pour l'historien Michel Goya, c'est une équation difficile : « D'autant plus difficile qu’il n’y avait pas de défaite visible sur le terrain qui permettait de justifier ce renvoi, il n’y avait rien de très concret. Donc c'est toujours difficile de changer de chef alors que l’on n’a pas grand-chose de très visible à lui reprocher et qu'il est très populaire. Néanmoins, on peut changer de commandant en chef pour différentes raisons. Le général en chef, a à la fois la charge des opérations militaires mais aussi de l'organisation. Donc, on peut avoir des désaccords politiques avec l’exécutif, on peut avoir tout un tas de choses. Voilà. Mais l'histoire des guerres en est pleine. »

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En quittant son poste, le général Zaloujny retrouve donc sa liberté de parole et pour le président Zelensky, avoir un rival qui ne soit plus soumis à un devoir de réserve, analyse Cyrille Bret, c'est un potentiel danger.« Si on prend un scénario favorable au président Zelensky, très bien, il aura de nouvelles idées, un nouveau commandement plus soumis nécessairement puisque la nomination est récente. Il aura éloigné son principal rival, le général Zaloujny et il pourra bénéficier d'un effet de surprise, voir également un capital de sympathie parmi les alliés. Il peut y avoir un autre scénario qui serait : une désorganisation provisoire des chaînes de commandement ukrainiennes. Cela pourrait aussi affaiblir son image en le montrant si peu sûr de son autorité qu'il ait besoin de se débarrasser d'un rival et ça peut le faire entrer dans une zone d'incertitude. Dans une période où les élections présidentielles auraient dû avoir lieu à l'automne dernier et où le président Zelensky fait face à des contraintes budgétaires, militaires, politiques également et de popularité qui peuvent s'aggraver dans l'année 2024 ».

Le nouvel attelage Syrsky-Zelensky a pour objectif immédiat de résoudre l'un des problèmes majeurs de Kiev : conserver le soutien de l'Occident et trouver des munitions pour alimenter le front.

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