Jamais trop sensible

Monde sensible

24-01-2023 • 9 mins

Etre sensible, c’est percevoir le monde via une multiplicité de canaux (cognitif, sensoriel, émotionnel, énergétique). C’est ressentir le réel dans son corps, au point de bugger parfois, de ne plus parvenir à structurer sa pensée. Parmi les personnalités considérées comme particulièrement sensibles par la littérature, on cite communément les Hypersensibles ou Ultra-sensibles, et les Hauts Potentiels, appelés aussi Doués, Surdoués, Surefficients, Philo-cognitifs, Emotifs talentueux, Zèbres… – la liste est loin d’être exhaustive –. Je ne rentrerai pas ici dans l’énumération des caractéristiques des personnalités ultra-sensibles ou à haut potentiel, car la littérature en regorge. Au sujet des HP, ma vision rejoint celle décrite par Cécile Bost dans son livre : Être un adulte surdoué. Je ne rentrerai pas non plus dans le débat opposant les approches quantitatives et qualitatives dont font mention Sophie Brasseur et Catherine Cuche dans leur article Le Haut Potentiel en question.

Sensibles, nous le sommes tous. Certains plus que d’autre, peut-être, au point de ne pas parvenir à squeezer les ressentis du corps au profit de l’intellect. Sensibles, tels des éponges, capables de révéler ce qui est, parfois malgré eux, en tant que capteurs intuitifs et subtils. Il suffit juste, peut-être d’oser ressentir. Même si on lui reconnaît des avantages de plus en plus valorisés dans notre société, la sensibilité est souvent synonyme de « fragilité » ou de « faiblesse ». Nous avons encore du chemin à parcourir. C’est normal, parce qu’elle nous chamboule et nous renvoie à ce qu’on ne peut pas maîtriser. Elle nous renvoie à notre vulnérabilité et à notre impuissance. Il suffit d’ailleurs d’observer comment les symptômes d’une (trop ?) grande sensibilité sont souvent considérées comme étant le problème, alors qu’ils sont généralement liés au fonctionnement du système au sein duquel ils s’expriment, ou en tout cas, à l’interaction entre un individu, porteur du symptôme, et le système au sein duquel il évolue. C’est comme cet enfant, que l’on amène chez le psy parce qu’il fait pipi au lit la nuit… comme si le problème, venait de lui.

La sensibilité n’est pas que génératrice de difficultés. Ce qui est perçu comme une difficulté, peut aussi devenir une information précieuse et aidante à la compréhension d’un système à l’instant T. La sensibilité, aussi ultra- ou hyper- soit-elle, apparaît avant tout comme un capteur des informations révélées par le sensible. Et si l’on en croit la finesse des perceptions émotionnelle et énergétique, alors considérons ces informations comme précieuses.

Jamais trop sensible, non. Car nos sensibilités sont précieuses et peuvent représenter de réels atouts, que l’on soit un professionnel de l’accompagnement, ou non. Il est selon moi important de les valoriser, et pour cela, de s’autoriser à évoluer dans des systèmes où elles ont entièrement leur place. Parfois trop sensible, oui… en ce qu’une très grande sensibilité peut faire souffrir, mentalement et physiquement, et couper le sujet du reste du monde. J’aborderai cette question dans un futur épisode…

Quoi qu’il en soit, il important est selon moi de valoriser nos sensibilités en s’autorisant à évoluer dans des systèmes où elles ont entièrement leur place, tout en contribuant à nourrir une pensée sociétale plus complète et plus souple, capable d’intégrer le différent, l’unique et l’inconnu.